samedi 7 novembre 2009

Mi figue - mi raisin


Ce début d’année scolaire fut riche en nouveautés et en déconvenues.

Commençons par LA question cruciale : l’AVS.
Il est arrivé au début du mois d’octobre et c’est un homme !!!! Bien que la science avance toujours plus vite qu’on ne l’imagine, il y a peu de chances pour qu’il annonce un congé maternité en cours d’année scolaire et c’est un grand soulagement. Le monsieur aide notre fille 4 demi-journées par semaine et semble bienveillant avec elle, calme, ce qui sera semble t-il d’une grande utilité avec son enseignante de l’année…

Fini le temps des fleurs, bien qu’elle ait fait illusion quelques jours cette dame n’a pas changé depuis l’époque où elle avait dans sa classe mon fils ainé. Pour vous planter le décor elle a tout de même laissé assez de mauvais souvenirs à certains parents d’élèves pour qu’ils interrogent fébrilement la directrice de l’école afin de s’assurer que leur enfant ne l’aura pas comme enseignante l’année d’après, quitte à le changer d’école si par malheur c’était le cas. C’est une psychorigide dotée d’un grand esprit de contradiction. Alors que toutes les classes ont au moins une sortie de prévue, elle a dit à ses élèves que les sorties n’étaient pas importantes que seul le travail en classe comptait. Suite aux recommandations de l’orthoptiste je lui ai expliqué que Rosa devait être placée à gauche du tableau pour prendre les informations visuelles avec l’œil droit et lui ai demandé si elle pouvait placer Rosa et son AVS exactement au même endroit que l’an dernier et elle a refusé (pour d’obscurs raisons que seul Freud, paix à son âme, aurait été en mesure de comprendre), elle les a installés tous les deux à l’extrême droite du tableau alors que la configuration de la classe est exactement la même que l’an dernier.

La première année où j’ai eu affaire à elle j’avais mis en place une stratégie d’évitement, c’est mon époux qui se chargeait de la communication avec elle, car je suis peu douée pour faire semblant et mon aptitude à la diplomatie a des limites, cette année l’évitement est impossible car je dois communiquer avec elle au sujet de Rosa et c’est très très difficile, nous ne parlons pas la même langue.

Par exemple, le médecin scolaire a initié dès la rentrée une réunion de suivi pour Rosa ayant pour but de définir les adaptations à mettre en place durant cette année scolaire, alors que l’ergothérapeute (ancienne enseignante) lui expliquait le coût en terme de fatigue et de difficultés que représentait pour Rosa l’écriture, son enseignante répondit qu’à son sens il était important que Rosa continue d’écrire (nous sommes tous d’accord à ce sujet) et qu’elle allait l’inciter à faire plus d’efforts pour y parvenir (sic !)
Elle a également insisté sur le fait que pour elle Rosa n’était pas si mal lotie et que dans sa classe nombre d’élèves étaient en difficulté et ne bénéficiaient pas des aides de notre fille. Tant et si bien qu’en début d’année elle n’a pas hésité à demander à Rosa de répondre seule à une évaluation d’histoire qui nécessitait énormément d’écriture, alors même que cet après-midi là son AVS était présent. Alors que Rosa connaissait parfaitement sa leçon, on voyait évidemment son écriture se dégrader au fur et à mesure, la copie était illisible et son résultat faussé. Lorsqu’en colère nous avons mis un mot dans le cahier de liaison de Rosa, en expliquant que nous trouverions inadmissible que Rosa soit mise en situation d’échec à cause de ses difficultés d’écriture alors que l’AVS était justement présent pour l’éviter, elle nous a répondu que Rosa avait eu largement plus de temps pour répondre, puisqu’elle lui avait laissé le temps de la récréation pour ce faire !!!!!!!

Quel bond en arrière ! Ce qui me rassure c’est que Rosa a bien compris qu’elle n’est pas seule à faire les frais de l’attitude si particulière de cette enseignante et nous l’aidons à prendre du recul et du détachement par rapport aux excès de son enseignante, ce qui n’est pas un rôle confortable. Elle est très cassante avec les élèves et pour elle l’humour est une maladie exotique qu’elle n’est pas prête d’attraper. Alors que jusqu’à maintenant nous étions soucieux de montrer à nos enfants que nous soutenions l’enseignant dans son autorité, quand je lis que pas plus tard que jeudi soir elle a mis une croix dans le carnet de liaison de Rosa parce qu’elle avait oublié un stylo à la maison pour la première fois, alors que cette punition suprême est normalement réservée aux actes (violence…) qui méritent grosse punition, comment rassurer Rosa (très scolaire et très soucieuse de ne pas démériter) en lui expliquant que cette croix-là n’est pas grave, sans remettre en cause l’autorité, la capacité de jugement de son enseignante et le principe même de ces croix ? L’année scolaire va être longue…


J’ai aussi appris, en voulant prendre rendez-vous pour faire un nouveau bilan en logicomathématiques, que l’unité du langage de Trousseau où elle était suivie est désormais définitivement fermée, pour cause de manque de rentabilité. Un gros maillon en moins dans l’aide aux enfants handicapés. Comment aurions-nous fait pour aider Rosa si nous n’avions pu y faire établir un diagnostic ? Il me semblait bien que la France avait du retard par rapport au Canada sur la prise en charge des handicaps, je me dis que si en plus on ferme les rares structures adaptées pour des raisons de rentabilités, c’est une terrible régression.

Heureusement, parallèlement à cela Rosa prend confiance en elle, elle est très épanouie. Elle pratique désormais le piano et y prend beaucoup de plaisir. L’exercice est fastidieux car il concentre toutes les difficultés de la dyspraxie visuo-spatiale, mais c’est en même temps une excellente rééducation. Rosa souhaitait pratiquer le piano depuis au moins 3 ans, elle est ravie et c’est une excellente chose pour elle. Elle a toujours été attirée par toutes les expressions artistiques, elle a une incroyable oreille musicale et elle progresse là aussi régulièrement, nous pratiquons le chant en famille à la maison et ça nous fait du bien. Elle fait aussi de la natation et bien que ça lui soit difficile, ça lui plaît et elle s’y amuse beaucoup. Elle a absolument tenu à faire de la danse en plus, croyez-bien qu’avec le cours de solfège en prime et les nombreuses activités de ses frères je m’en serais passée, mais pratiquer cette danse très branchée (oui oui ça va, je sais que c’est une expression de vieille !) une fois par semaine lui plaît beaucoup d’une part et lui permet d’autre part de montrer des mouvements de danse à ses copines et ça l’fait ! Ouech ! (vous voyez que je peux causer d’jeun !)

D’ailleurs elle a invité ses plus fidèles copains et copines pour son anniversaire à la toute première « boum » de la maison, DJ Mum sera aux platines ! Autant dire que je vais d’abord passer un oral d’admissibilité car la demoiselle trouve mes goûts musicaux « trop années 80 » (ndrl trop ringards).
Ca promet !

Je suis ravie car la responsable de l’antenne départementale de l’association Dyspraxique mais fantastique nous a proposé une rencontre avec une autre famille dont l’un des enfants est dyspraxique et je pense qu’il est plus que temps pour Rosa de rencontrer d’autres enfants dyspraxiques. Ce n’est pas dans l’immédiat, mais je vous raconterai.

Une question aux parents d’enfants dyspraxiques. Sans nier son handicap je ne parle pas forcément de la dyspraxie de Rosa, qui n’est généralement pas visible en dehors de l’école, parce que les réactions de pitié m’agacent, pour qu’on lui fiche la paix et pour ne pas avoir à fournir de longues et fastidieuses explications, qu’en est-il pour vous ?